« Tout le monde peut apprendre à diriger, mais seuls les meilleurs peuvent apprendre à servir » – Ken Blanchard.

Le management : un art qui se construit et non une fonction qui se décrète

Malheureusement, le fait de devenir manager est trop souvent considéré comme étant la suite logique de l’évolution d’une carrière d’un salarié performant.

Il est pourtant évident que donner un nouveau titre et de nouvelles responsabilités à quelqu’un ne fait pas de facto de lui (ou d’elle) un bon manager.

Avoir le statut ne suffit pas. En effet, propulser un salarié vers un poste de manager en guise de récompense, sans s’assurer qu’il dispose des qualités nécessaires pour endosser ce rôle, est une erreur stratégique qui peut avoir des conséquences désastreuses tant sur l’équipe que sur l’employé nouvellement promu.

Le management doit être envisagé plus largement que par le spectre de la fonction elle-même : c’est une compétence qui, d’abord, repose sur des qualités spécifiques et qui, ensuite, se construit au fil du temps.

Les compétences clés d’un bon manager

Un manager ne se contente pas de donner des ordres, il accompagne ses équipes, les inspire et les soutient. Être un bon manager, c’est donc incarner un ensemble de qualités qui permettent de faciliter le travail de chacun et de créer un environnement de travail positif et stimulant.

Tout d’abord, l’humilité c’est-à-dire la force de reconnaître ses limites. Un bon manager sait qu’il ne sait pas tout ; il est conscient de ses forces mais aussi de ses faiblesses. Cette humilité lui permet d’écouter les autres, de solliciter les avis et de reconnaître ses erreurs. Cette qualité est essentielle pour créer un climat de confiance au sein de l’équipe et apprendre à déléguer.

Et c’est en étant humble que l’on apprend à se remettre en question. Pour être et rester efficace, le manager doit également être capable de remettre en cause ses pratiques et ses méthodes. Cette capacité de remise en question du statut quo lui permet d’innover, de s’adapter aux changements et d’améliorer continuellement ses performances.

De la remise en question découle l’adaptabilité. Un bon manager doit être flexible et s’adapter à différentes situations ou personnalités. Que ce soit face à un imprévu, à un changement de stratégie ou à un conflit, il doit faire preuve d’agilité et de réactivité.

Mais toutes ces qualités, aussi importantes soient-elles, ne peuvent s’exprimer pleinement sans une communication claire et constructive. La communication est la clef de voûte d’un management efficient et durable.

Manager : une compétence à la portée de tous ?

La croyance selon laquelle certains sont nés pour diriger et d’autres non persiste. Bien que certaines qualités puissent être innées, de nombreuses études montrent que le management est une compétence qui s’acquiert par la formation et l’expérience. En effet, il est tout à fait possible de former un manager sur les bases du management et des ressources humaines, la conduite de projets, le droit du travail ou encore à la gestion des relations difficiles. De façon générale, avec du temps, de l’investissement personnel et une volonté constante d’apprendre et de se développer, de nombreux savoir-faire peuvent être acquis.

Tandis que de nombreuses compétences managériales peuvent être développées au fil du temps, certaines facultés intrinsèques sont plus difficiles à acquérir. Aussi, il est aisé de comprendre que les qualités liées à la personnalité et à l’intelligence émotionnelle, qui jouent un rôle crucial dans l’efficacité d’un manager, sont moins accessibles par la formation.

Par exemple, peut-on réellement apprendre à un manager à avoir de l’empathie ? L’empathie est définie comme étant « la faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent » (dictionnaire Larousse). Si l’on part du postulat que l’empathie est une faculté intuitive et que, toujours selon le dictionnaire Larousse, l’intuition est une « connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience » alors former quelqu’un pour qu’il soit plus empathique n’est-il pas absurde ?

Ensuite, force est de constater que certaines personnalités sont incompatibles avec le rôle de manager. Ainsi, puisqu’il est lié à des mécanismes psychologiques complexes, il est difficile de corriger le besoin excessif de tout contrôler lorsque ce trait de caractère est profondément ancré. Et, par définition, une personne maniaque du contrôle aura du mal à accepter les changements qu’une formation pourrait lui apporter.

Sans aller jusqu’au comportement obsessionnel, l’incompatibilité peut simplement résulter du fait que certains salariés ont des qualités et des aspirations personnelles qui les orientent davantage vers des rôles individuels. Ceux qui préfèrent travailler de façon autonome, en se concentrant sur des tâches spécifiques avec un niveau élevé de contrôle de leur activité ne s’épanouiront pas dans des fonctions de manager.

En conclusion, le management est une discipline complexe qui exige des prérequis naturels et des compétences clés qui doivent sans cesse être nourries par une volonté perpétuelle d’apprendre et une démarche d’amélioration continue.

Devenir manager doit être le résultat d’un cheminement personnel réfléchi et non le fruit d’une évolution professionnelle imposée par le biais d’une promotion qu’il est souvent difficile de refuser.